La protection de l’environnement dans les provinces du Barh el Gazal et du Borkou : défis, enjeux et solutions.

La province du Barh el Gazal et la province du Borkou sont deux régions administratives du Tchad, situées dans la bande sahélienne, au centre-ouest et au nord du pays. Elles sont caractérisées par un climat aride et chaud, avec une pluviométrie faible et irrégulière, et une forte variabilité interannuelle. Ces conditions climatiques affectent grandement les ressources naturelles, notamment l’eau, les sols, la biodiversité et la végétation. La protection de l’environnement dans ces provinces est donc un enjeu majeur pour assurer la sécurité alimentaire, la résilience et le développement durable des populations locales.

Les défis environnementaux auxquels sont confrontées les provinces du Barh el Gazal et du Borkou sont multiples et interdépendants. Parmi les principaux, on peut citer :

  • La désertification : il s’agit d’un processus de dégradation des terres arides, causé par des facteurs naturels (sécheresse, érosion éolienne et hydrique) et anthropiques (surpâturage, déforestation, agriculture extensive). La désertification entraîne une réduction de la productivité des sols, une perte de la biodiversité, une diminution des ressources en eau et une augmentation de la vulnérabilité des populations face aux aléas climatiques. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Tchad est l’un des pays les plus touchés par la désertification en Afrique¹.
  • La dégradation de la qualité de l’eau : l’eau est une ressource vitale pour les populations du Barh el Gazal et du Borkou, qui dépendent principalement des eaux de surface (lacs, oueds, mares) pour leur approvisionnement en eau potable, leur irrigation et leur élevage. Or, ces eaux sont soumises à une forte pression démographique, à une surexploitation et à une pollution d’origine domestique, agricole et industrielle. La dégradation de la qualité de l’eau a des conséquences néfastes sur la santé humaine, la sécurité alimentaire et la préservation des écosystèmes aquatiques.
  • La perte de la biodiversité : la biodiversité désigne la variété des formes de vie sur Terre, qu’il s’agisse des espèces animales ou végétales, des gènes ou des écosystèmes. La biodiversité est essentielle pour le maintien des fonctions écologiques (régulation du climat, épuration de l’eau, pollinisation, etc.), pour le bien-être humain (alimentation, médicaments, matériaux, etc.) et pour le patrimoine culturel (valeurs esthétiques, spirituelles, etc.). Or, la biodiversité est menacée par la destruction et la fragmentation des habitats naturels, le braconnage, le commerce illégal d’espèces sauvages, les espèces invasives, les changements climatiques et les maladies. Selon le rapport Planète vivante 2020 du Fonds mondial pour la nature (WWF), le Tchad a perdu 68 % de ses populations d’espèces vertébrées entre 1970 et 2016².

Face à ces défis environnementaux, les provinces du Barh el Gazal et du Borkou doivent mettre en œuvre des solutions adaptées à leur contexte socio-économique et culturel. Parmi les pistes possibles, on peut mentionner :

  • La restauration des terres dégradées : il s’agit d’un ensemble de techniques visant à réhabiliter les fonctions écologiques et économiques des terres arides. Ces techniques peuvent inclure la régénération naturelle assistée (RNA), qui consiste à favoriser la repousse spontanée des arbres et arbustes sur les parcelles agricoles ou pastorales ; le zaï, qui consiste à creuser des trous dans le sol pour y déposer du fumier et des semences ; le demi-lune, qui consiste à former des cuvettes semi-circulaires pour capter l’eau de ruissellement ; ou encore le cordons pierreux,
    qui consistent à aligner des pierres sur les pentes pour réduire l’érosion. Ces techniques permettent d’améliorer la fertilité des sols, de réduire l’évaporation, d’augmenter la production agricole et de diversifier les revenus des populations.
  • La gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) : il s’agit d’une approche participative et multisectorielle visant à assurer une utilisation rationnelle et durable de l’eau. La GIRE repose sur quatre principes : la reconnaissance de l’eau comme un bien économique et social ; la prise en compte de l’unité hydrographique (bassin versant) comme cadre de planification et de gestion ; la participation des usagers et des parties prenantes à la prise de décision ; et la décentralisation des responsabilités et des moyens. La GIRE permet de concilier les besoins en eau des différents secteurs (agriculture, élevage, industrie, énergie, etc.), de prévenir les conflits liés à l’eau, de protéger la qualité de l’eau et de renforcer la résilience face aux changements climatiques.
  • La conservation de la biodiversité : il s’agit d’un ensemble de mesures visant à préserver la diversité biologique et ses valeurs. Ces mesures peuvent inclure la création et la gestion d’aires protégées, qui sont des espaces dédiés à la protection de la faune, de la flore et des paysages ; le développement de l’écotourisme, qui est une forme de tourisme responsable basée sur l’observation et l’appréciation de la nature ; la promotion des pratiques agroécologiques, qui sont des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et favorisant la biodiversité ; ou encore le renforcement des capacités des acteurs locaux, qui sont les principaux détenteurs et gestionnaires de la biodiversité.

La protection de l’environnement dans les provinces du Barh el Gazal et du Borkou est un défi complexe, qui nécessite une vision globale, une approche transversale et une implication collective. Elle est aussi une opportunité pour valoriser le potentiel écologique, économique et culturel de ces régions, et pour contribuer au développement durable du Tchad.

¹: Désertification au Tchad
²: Rapport Planète vivante 2020

Source :
(1) Barh el Gazel — Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Barh_el_Gazel.
(2) LE BAHR EL CHAZAL (TCHAD): OCCUPATION HUMAINE ET EXPLOITATION … – CIRAD. https://agritrop.cirad.fr/590779/1/Le%20Bahr%20El%20Ghazal.pdf.
(3) Barh el Gazel — Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Barh_el_Gazel.
(4) LE BAHR EL CHAZAL (TCHAD): OCCUPATION HUMAINE ET EXPLOITATION … – CIRAD. https://agritrop.cirad.fr/590779/1/Le%20Bahr%20El%20Ghazal.pdf.
(5) Tchad : des réponses à la pénurie alimentaire et d’eau dans le Barh El …. https://tchadinfos.com/tchad-des-reponses-a-la-penurie-deau-et-alimentaire-dans-le-barh-el-gazal/.
(6) La politique de protection de l environnement). https://www.asjp.cerist.dz/en/downArticle/2/3/2/4074.
(7) Fiche de projet – FAO. https://www.fao.org/fileadmin/user_upload/faoweb/chad/docs/Fiche_de_projet_207_BEL.pdf.

Oumar Barkai maidemi